Les Peintres Fantastiques :

Philippe SIMON

C'est en septembre 1978 que date ma première rencontre avec Philippe Simon et son œuvre. Il avait installé son atelier-galerie 16 rue des Bahutiers  à Bordeaux. Dans cet espace clair, à l'abri  derrière ses toiles exposées en vitrine, Philippe, assis devant son chevalet (qu'il m'a par la suite offert) peignait en  écoutant une musique électro-acoustique planante, composée par ses soins. D'emblée j'ai été touché par son univers fantastique, ses lunes et ses brumes parfois inquiétantes mais qui n'étaient pas pour me déplaire. Une toile, toujours en ma possession, attira mon attention et c'est sans hésitation que j'entrais dans sa galerie pour une rencontre qui dure encore. 1978 mon 1789 personnel. Je venais juste de me marier le 2 septembre. Cela faisait beaucoup pour un seul mois. Philippe venait de quitter Toulouse pour s'installer à Bordeaux avec sa famille. C'était un sacré "challenge" que de prétendre faire vivre une famille avec les seuls revenus d'un artiste peintre en 1976. Ph Simon était aussi, est toujours en 2015, photographe, musicien, acousticien, féru de science et de philosophie. Rien ne semblait lui être étranger. Les sujets de conversation ne manquèrent donc pas. Comme je peignais aussi, bien qu'accaparé par mes études de médecine puis de philosophie, sa technique picturale m'intéressait au plus haut point et c'est naturellement que je devins un de ses élèves, disons officieux, puisqu' il ne donnait pas de cours stricto sensu. Mes préférences picturales étaient plus classiques et mes maitres préférés étaient les peintres hollandais et flamands, Bosch, Breugel, Van der Neer, Ruysdael, Rembrandt, Cuyp, Berchem , etc. Je n'oubliais point Caspar David Friedrich, les romantiques allemands et anglais, Turner et les impressionnistes. Avec Philippe je pénétrais un univers fantastique et me mis à apprécier Giger, Fuchs, Di Maccio et les artistes de la galerie Râ dirigée par Hervé Séranne à Paris. Les Buffet, Brayer et autres artistes plus "conventionnels"  nous attiraient moins. Autour de Philippe Simon se constitua à Bordeaux un groupe de peintres de graveurs et de sculpteurs, Leiris, Philippe Mohlitz, Gérard et Colette Trignac, Miguel Fraley,  Andrée Vuotto, Daniel Pierre, et moi-même qui exposèrent  dans divers lieux (galerie Condillac dirigée par Michel Torrente et son épouse) et aux Indépendants de l'époque, du temps où ils pouvaient encore légitimement occuper la Galerie des Beaux-arts censée leur être destinée. Philippe eut à subir les assauts des étudiants des Beaux-arts (pas tous) venant en meute derrière des banderoles, hurler leur haine jeter leurs pavés et cracher sur sa vitrine en l'accusant d'être le peintre des "bourgeois" (sic). Hallucinant! La police a du le protéger. ET les médias dans tout cela? Néant. Si vraiment il y avait un artiste pur et non bourgeois c'était bien lui mais il avait une tare, il travaillait et ça se voyait. Les petits brasseurs de mots des beaux-arts aussi stériles que vent d'hiver ne pouvaient supporter cette rigueur et son succès, car Philippe avait du succès. Certes  il ne vendait pas très cher ses toiles mais l'amateur n'avait pas à payer le triple comme cela eut été le cas en passant par un tiers, impôts, taxes et bénéfice en sus. Pour ne rien arranger il fuyait les médias comme la peste et ces derniers, Sud-Ouest, en particulier le lui rendirent bien car il n'y eut jamais un article le concernant. Ce n'est pas faute d'avoir personnellement essayé. Mais quelque part, quelque chose de puissant bloquait. Il dérangeait. Et pourtant ce n'est pas le pouvoir de l'époque Jacques Chaban Delmas en tête qui œuvrait dans l'ombre puisque ce dernier passait souvent dans la galerie et l'appelait" mon peintre" (j'en fus une fois le témoin). Ph Simon dérangeait terriblement.

Colette TRIGNAC

La timidité et le talent incarnés. Il n'en reste pas moins que la sœur de Gérard Trignac et la compagne de Philippe Simon possède un coup de crayon peu commun et qu'elle fera partie de ces artistes féminins bordelaises très recherchées à l'instar de Rosa Bonheur. N'hésitez pas à aller sur son site en cliquant sur la grande photo et surtout procurez-vous un de ses dessins.

Site de Colette Trignac et de Philippe Simon : cliquez ici