Qui mène la danse?

 

 

                               Le hiatus immense qui sépare depuis maintenant soixante ans l'élite et le grand public en ce qui concerne l'art et la peinture en particulier, commence à devenir suffisamment problématique pour que nous n'essayons pas, sinon de trouver la ou les raisons de cet état de fait,  du moins d'essayer de découvrir quelques lignes de fuite permettant de dégager un horizon des plus obscurs.

                               Finances et trafic d'argent mis à part, quoique représentant un aspect non négligeable de notre problème, il faut bien admettre que nous sommes plus que dubitatifs face à ce que d'aucuns nomment l'Art Contemporain ou AC , abréviation que nous utiliserons dorénavant pour le nommer.

 

                                 L'Art est et a toujours été "affaire d'Etat". Les nations se définissent par leurs grands hommes et leurs femmes illustres (savants, artistes, guerriers, poètes etc). Les peintres et les sculpteurs n'ont pas été les derniers à être récupérés par les puissants près desquels ils ont d'autre part cherché assez souvent une protection.

                                 Les beaux-arts ont avancé de concert dans notre civilisation mais la musique étonnamment n'a pas suivi le même chemin que la peinture ou si elle l'a suivi elle a rencontré l'assentiment de la multitude. Il faut dire que le rock en soi est une rupture assez conséquente vis à vis de la musique classique. Nous avons donc une "élite" qui se nourrit encore de musique classique mais  qui se repait d'un AC qui laisse de marbre le reste de la population. Si l'élite mettait Rihana au dessus de Mozart on comprendrait mais cela n'a pas encore l'air d'être d'actualité.

Bref question beaux-arts nous nous retrouvons comme une carpe devant une pomme. Et Dieu sait si l'AC est une pomme de discorde. 

 

                                   Depuis vingt ans que nous nous occupons d'art non officiel nous rencontrons des amateurs de plus en plus déconcertés par les choix politiques et la prépondérance donnée à des plasticiens qui maitrisent bien mieux le mot que l'image voire qui inféodent l'image au mot. La puissance de feu de ce nouvel ordre artistique met en jeu tous les médias qui bombardent nuit et jours les cervelles les plus  résistantes. Les sensibilités sont formatées pour et en vue de.  Quant aux autres qui auraient des prédispositions naturelles elles sont déprogrammées et à terme nous ne saurons plus nous exprimer artistiquement que par des associations de concepts de mots ou d idées. Nous perdons insensiblement notre maitrise manuelle qui reliée au cerveau par les émotions et notre vécu personnel faisait apparaitre et exister sur papier des émotions partageables par d'autres et dont le dénominateur commun était la beauté.

                                  A tort ou à raison il semblerait que le système se ligue contre l'individu pour lui faire perdre petit à petit sa capacité à créer après lui  avoir quasiment interdit de se défendre, d'apprendre, de se soigner, d'éduquer les enfants le tout étant assumé par la collectivité et une minorité sachant mieux que nous ce qu'il faut faire et se croyant obligée par là même de nous ôter petit à petit tout ce qui nous caractérisait en tant qu'être humain libre. La devise des Lumières "Sapere aude" c'est à dire "Aie le courage de te servir de ton entendement" a été balayée par le "vous n'êtes pas là pour penser" de l'ingénieur taylorien , asséné à l'ouvrier des temps modernes asservi à sa machine. Comme le formule merveilleusement la pub d' Apple, "ce n'est pas la machine qui nous appartient mais c'est nous qui appartenons à la machine" "David appartient à cet Ipad" No comment.

 

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                                  Il en va un peu de la main comme de l'or que Keynes appelait "la relique barbare".

Tout se passe comme si notre corps devenait une espèce de relique barbare, mal conçue, fragile, limitée dans le temps,  sujette à tous les maux, bref une tunique dont l'intellect se doit de se débarrasser le plus vite possible. Rien que ça.

 

                                   Le rejet de la peinture classique nous dit cela. La musique semble résister mieux que la peinture en ceci que pour le coup elle a vraiment accentué le coté barbare: sexe hurlements, mouvements déstructurés, violence. Peut-être est-elle un avertissement et sentant le prédateur proche accentue-t-elle le coté humain trop humain voire bestial de notre condition. 

 

                                   A ce stade de l'analyse je comprend que d'aucuns trouvent l'explication "un peu forte de café" voire même carrément folklorique si ce n'est exotique.

Sauf que nous vivons une époque "intéressante" qui voit des paires (sic) devenir des couples , des parents se mettre génétiquement à trois voire à quatre si on compte le médecin, pour avoir un enfant, où l'implantation de puces dans le corps est en voie de devenir chose banale, où le cœur est en passe de se plastifier et d'être plus performant que l'original, ce qui en soi parait logique puisque le cœur et l'amour auront à voir de moins en moins ensemble. La médecine devient de plus en plus étrange et le corps devient de plus en plus étranger à la médecine qui n'a de cesse que de vouloir remplacer le naturel par l'artificiel.

 

                                   Que l'art soit donc soumis à des turbulences n'est donc en rien illogique. Il ne faut pas oublier que Léonard de Vinci faisait du corps humain la mesure de toutes choses et que sa pratique artistique était en phase avec son savoir encyclopédique.

Son traité de la peinture est aussi un traité sur le corps humain.

 

                                    Quand tout cela a-t-il basculé? Ni plus ni moins qu'en 1945.  L'ouvrage de Frances Stonor Saunders ci-dessous représenté, en explicite les tenants et les aboutissants.

L'ancien monde en 1945, a définitivement vécu et avec  lui les pratiques culturelles érigées en principe de civilisation. La vieille Europe vaincue militairement et  salie par les délires nazis est devenue culturellement la cible à abattre.

Une nouvelle science, un nouvel art, une nouvelle religion, un nouvel homme est appelé à voir le jour.

 Sauf que la bête résiste plus que prévu et ne se laisse pas dépouiller aussi facilement.  Certes la religion catholique a été laminée par les médias et ses jours semblent comptés, mais les millions d'artistes attachés à exprimer les sentiments et les sensations que la nature leur dispense ne peuvent se résoudre à abandonner leur modèle.

                                   Nous sommes parfaitement conscients que cette présentation des événements peut si ce n'est surprendre du moins déranger nombre de lecteurs. Si on n'a pas encore saisi l'enjeu et les conséquences lourdes que cela entraine il est difficile de digérer ces faits. On peut alors les disqualifier par simple peur d'avoir à les affronter mais cela ne les fera pas disparaitre. Quant à ceux qui sont partie prenante du Nouvel Ordre il leur sera  indispensable de combattre notre point de vue.

 

                                   En résumé le monde vit une tentative de mutation jamais vue en ce sens que du passé religieux, culturel, naturel il s'agit de faire table rase pour laisser advenir un système totalement différent, carrément Hors Sol, dégagé autant que faire se peut des contingences et des entraves naturelles pour révolutionner le projet humain. "Il faut qu'il en soit définitivement fait du paradigme de la nature". Pour ce faire soyons certains que seront mobilisés les savoirs les plus avancés qui soient dans les domaines de la psychologie de la chimie et de tous ceux  dont depuis belle lurette la compréhension a échappé au citoyen lambda.  

 

                                  Partant de là et du fait qu'il est fort difficile d'arrêter le progrès, la lutte pour la défense d'une peinture du cœur et de l'âme peut sembler dérisoire et pathétique. Sauf que.